Lorsque les fonds marins révèlent des murs dressés il y a plusieurs milliers d’années par les hommes, l’archipel de Molène prend des allures de ville d’Ys.

Englouties à tout jamais, ces pierres dressées pensaient passer inaperçues, recouvertes de maërl ou de grandes algues brunes agrippées fermement à leur granite.

C’était sans compter sur l’imagerie aérienne hyperspectrale qui permet de décomposer, depuis satellite, avion ou drone, le spectre de la lumière naturelle qui interagit avec le fond.

Les « anomalies » détectées sur ces images sont vérifiées en plongée et s’avèrent être, pour la plupart, des structures anthropiques qui se trouvaient autrefois sur l’estran lorsque la mer était quelques mètres en-dessous du niveau actuel.

Il s’agit très vraisemblablement de barrages de pêcheries, véritables pièges à poissons. Les restes ichtyologiques retrouvés lors des fouilles du site de Beg ar Loued sur l’île de Molène, et de Porz ar Puns sur Béniguet, attestent d’une consommation des ressources marines par les hommes dans l’archipel dès la fin du troisième millénaire av. J.-C..

Croisant les regards de scientifiques, d’archéologues et de gestionnaires, la collaboration pluridisciplinaire qui s’inaugure entre Hytech-imaging, les laboratoires LETG-Rennes, LETG-Brest, CReAAH, et le Parc naturel marin d'Iroise, sous le contrôle réglementaire du DRASSM, s’avère fructueuse et riche en découvertes inédites. Les quatre plongées réalisées en août dernier viennent confirmer le haut potentiel archéologique de l’archipel de Molène et laissent présager la reconnaissance de structures qui pourraient être parmi les plus anciennes d’Europe.