Echouages de rorquals communs en mer d'Iroise
Retour sur les 3 échouages survenus en septembre 2022
3 échouages de Rorqual commun en 3 semaines
Trois échouages successifs de rorqual commun ont été observés dans le Finistère au cours du mois de septembre 2022. La gestion de ces échouages est menée par le Préfet du Finistère (sur le littoral), et par la préfecture maritime de l’Atlantique (en mer). Les autorités préfectorales ont mobilisé différents services : pompiers, Office français de la biodiversité, gendarmes, Observatoire PELAGIS, ainsi que la SNSM. Des bénévoles du Réseau National Echouage et d’association de protection de l’environnement dont Bretagne Vivante et Sea Shepherd ont également pris part aux opérations.
vendredi 2 septembre
Découverte d’une carcasse de rorqual commun mâle de plus de 19,30m sur un îlot satellite de l’île de Sein. Un examen externe avec biométrie a pu être réalisé et a mis en évidence un important amaigrissement.
samedi 10 septembre
Découverte d’une carcasse de rorqual commun mâle de 17,8 m sur la plage de la commune de Tréguennec. Lundi 12 septembre, réalisation d’une autopsie et de prélèvements sur l’animal pour analyses. Un important amaigrissement est également relevé sur ce second individu. Les conclusions de l’autopsie sont attendues prochainement. L’animal n’était pas porteur de la grippe aviaire. Les autres analyses des prélèvements sont toujours en cours.
lundi 19 septembre
Découverte d’un rorqual commun d’environ 11 mètres (subadulte) retrouvé échoué vivant sur une plage de la baie de Douarnenez sur la commune de Ploeven. Après sa remise à l’eau et plusieurs tentatives pour le guider vers le large, l’animal n’a plus été observé à partir du vendredi 23 septembre.
mardi 27 septembre
Découverte d’une carcasse de rorqual commun sur l’île Tristan, à Douarnenez. Une analyse externe permet de confirmer qu’il s’agit de l’animal remis à l’eau le 19 septembre. Un important amaigrissement est encore relevé sur ce troisième individu. L’animal n’était pas non plus porteur de la grippe aviaire. Les autres analyses des prélèvements sont toujours en cours.
3 questions à Cécile Gicquel sur les échouages de septembre 2022
Cécile Gicquel, coordinatrice de projets patrimoine naturel et espaces protégés au Parc naturel marin d'Iroise revient sur ces échouages, le rôle des agents de l'OFB dans leur gestion et les missions du parc en lien avec la protection des mammifères marins.
La présence des rorquals communs
au large du Finistère
Les rorquals communs sont régulièrement observés dans tout le proche Atlantique, qui représente une vaste zone allant de l’Irlande au cap Finistère et qui comprend notamment le golfe de Gascogne. Cette zone est connue pour être fréquentée par les rorquals, principalement en été et à l’automne. On estime leur nombre à environ 8000 individus dans ce secteur (avec environ 50 000 individus dans tout l’hémisphère nord).
Les rorquals communs (Balaenoptera physalus) migrent tous les ans, de leur zone d’alimentation vers les zones de mise-bas dans les eaux plus chaudes. Cependant, le schéma migratoire complet n’est pas bien compris. Certains individus préfèrent par exemple ne pas migrer durant les mois d’été et continuer à se nourrir dans les eaux tempérées froides comme celles de l’Iroise. Lorsqu’un cétacé de grande taille fréquente un endroit de manière récurrente, c’est qu’il y trouve des proies correspondant à son régime alimentaire.
L’abondance des sardines en Iroise à cette saison et à des endroits précis explique sans doute la présence de rorquals communs et de petits rorquals (Balaenoptera acutorostrata) depuis le début de la saison estivale 2022.
L’Iroise présente en effet une caractéristique très particulière : ses eaux et ses écosystèmes sont régis par le front thermique d’Ouessant. Cette limite naturelle créé des conditions environnementales particulièrement propices à la biodiversité (température, sels nutritifs). Cela se traduit par l’abondance de plancton, qui constitue le premier maillon de la chaîne alimentaire, attirant ainsi sardines et anchois, entre autres.
Le rorqual commun et le petit rorqual sont les principales espèces de baleines que l’on observe en Iroise, dans les secteurs où l’abondance de sardines est avérée.
Les échouages
un phénomène chronique
Des échouages de rorqual commun sont observés tous les ans sur les côtes de France métropolitaine et tout au long de l’année, avec une saisonnalité légèrement plus marquée à l’automne.
Plusieurs épisodes inhabituels de mortalité de rorquals ont été identifiés, comme en 2004, 2006 ou plus récemment en 2019 où plusieurs de ces cétacés (4 individus en Iroise, Ouessant et Crozon) avaient été retrouvés sur une période courte. Ces mêmes années, de nombreuses observations de rorquals vivants sont relevées dans le périmètre du parc, comme c’est le cas cette année.
Selon la commission baleinière internationale, il existe plusieurs causes potentielles d’échouage et de mortalité dont les principales sont :
- La capture accidentelle dans des engins de pêche ;
- La collision avec un navire ;
- Les virus affectant principalement les voies pulmonaires ;
- Les parasitoses affectant principalement les voies digestives ;
- L’écotoxicologie et la contamination par des polluants ;
- Les perturbations acoustiques environnantes (utilisation de sonars, niveaux de bruits anormalement hauts) ;
- Le manque ou la perte de ressources trophiques disponibles.
Ces causes se cumulent parfois pour affecter la santé d’un cétacé qui finit alors par s’échouer ou mourir en mer. Force est aussi de constater que certains de ces risques augmentent en bande côtière où les risques s’intensifient. Il est impossible de déterminer les raisons d’un échouage si aucun prélèvement ni examen n’est pratiqué sur l’animal échoué.
Mieux comprendre pour mieux protéger
les actions de connaissance du parc marin
Le Parc mène depuis sa création, différents travaux pour mieux comprendre la distribution et l’utilisation de l’Iroise par les mammifères marins. Cette connaissance est capitale pour la protection de ces espèces sensibles et rares, mais aussi pour identifier les zones fonctionnelles de l’Iroise susceptibles d’attirer et d’abriter ces espèces et d’y proposer des mesures de gestion adaptées. Une connaissance fine pour mieux protéger les espèces constitue l’essence-même du rôle du Parc.
Suivis des espèces et survol de la mégafaune marine
Les suivis réguliers réalisés par les équipes du parc depuis plus de 15 ans apportent de solides connaissances sur les populations de phoques gris et les groupes côtiers de grands dauphins présents dans l’archipel de Molène et la chaussée de Sein.
Pour connaître la fréquentation des eaux de l’Iroise par le reste de la mégafaune marine (oiseaux marins, mammifères marins, élasmobranches, thonidés, poisson-lune et tortues marines), un programme de survols a débuté en 2020. 7 des 8 survols programmés sur 2022 et 2023 ont été réalisés. La réalisation de ces survols à différentes périodes de l’année vise à identifier des zones fonctionnelles utilisées par ces espèces.
Suivis des cétacés par acoustique passive
En partenariat avec l’ENSTA, le Parc étudie depuis mai 2022 les enregistrements des sons émis par les delphinidés et les grands cétacés. L’acoustique passive permet en effet un suivi spatial et temporel de la présence des différentes espèces de cétacés par l’étude des sons qu’ils émettent. Le Parc a pour cela déployé en mer des hydrophones afin de créer un observatoire acoustique de l’Iroise.
Cet observatoire complètera les survols et permettra de mieux comprendre la saisonnalité et l’utilisation de l’Iroise par les mammifères marins. Les premiers résultats sont attendus en fin d’année 2022. C’est une des premières fois qu’un observatoire acoustique de ce type est déployé en France.
Ce projet bénéficie du financement du plan France Relance.
Partenaires : Observatoire PELAGIS / CNRS / UBO / MNHN / GECC / ISEN / OCEANOPOLIS / ENSTA
DEFIPEL, ou comment mieux comprendre le comportement de la sardine permettra de mieux comprendre celui des espèces qui en dépendent.
Le parc participe également au projet national DEFIPEL qui vise à mieux comprendre les variations du plancton en lien avec les facteurs environnementaux, et les variations spatiales et morphologiques de la sardine. Mieux comprendre les déplacements de la sardine liés à l’évolution de son environnement permettra d’éclairer ceux des espèces qui s’en nourrissent, comme le rorqual commun.
Ce projet est porté par l’Ifremer et financé par France Filière Pêche.
Une équipe d'agents formés
15 agents du parc naturel marin d’Iroise sont formés et autorisés à réaliser les protocoles du Réseau National Echouages. Ils suivent également régulièrement des sessions d’actualisation des connaissances pour compléter leur formation. Leur expérience en matière de gestion des échouages de grands cétacés leur permet d’être rapidement opérationnels sur ces interventions essentielles à l’amélioration de la connaissance sur ces espèces.
Les mammifères marins sont des espèces protégées. Quel comportement adopter lorsqu'on en observe un ?
L'approche des mammifères marins
Les mammifères marins sont nombreux à traverser la mer d'Iroise. Ils viennent s'y nourrir, s'y reproduire ou s'y reposer. Comment les reconnaître?
Affiche - Les mammifères marins des îles et de la mer d'iroise
Comment reconnaître les mammifères marins et autres grandes espèces de la mer d'Iroise?