Retour sur 2023, une année d'observations exceptionnelles

Echouages rares et observations exceptionnelles nous en apprennent plus sur les mammifères marins

17 janvier 2024

En 2023, les agents ont pu faire des observations d’espèces rares de mammifères marins dans le périmètre du parc naturel marin d’Iroise: une baleine à bosse en Baie de Douarnenez. Ainsi que deux espèces appartenant à la famille des baleines à bec (Ziphiidae) qui se sont échouées sur nos côtes.

Les baleines à bec sont très rarement observées à la mer, très discrètes lorsqu’elles remontent à la surface la grande majorité des informations relatives aux baleines à bec proviennent des échouages. Elles vivent en haute mer et fréquentent volontiers les plaines abyssales lors de plongée à près 3000 m de profondeur qui peuvent durer plusieurs heures, à la recherche de calmars et de poulpes de grandes tailles.

La baleine à bec de Cuvier

Une des espèces à avoir été identifiée dans le Parc est la Baleine à bec de Cuvier (Ziphius cavirostris).

Décrite sous forme de fossile par le naturaliste Georges Cuvier en 1823, son existence est démontrée suite à l’échouage d’un spécimen en 1850. Cette baleine qui atteint au maximum 7,50 m, possède chez les mâles deux dents émergentes à l’extrémité de la mâchoire inférieure. La Baleine à Bec de cuvier est observée dans l’ensemble des eaux françaises, ainsi que dans les eaux tempérées et tropicales du monde, mais est absente des mers polaires.

La Baleine à bec de Cuvier est généralement observée seule ou dans de petits groupes d’individus.

Baleine à bec de Cuvier

Baleine à bec de Cuvier

Laurent BOUVERET / OMMAG

Baleine à bec de Cuvier

Laurent BOUVERET / OMMAG

Mésoplodon de Sowerby

Mésoplodon de Sowerby

Ambre Damour / Office français de la biodiversité

Mésoplodon de Sowerby

Ambre Damour / Office français de la biodiversité

Le Mesoplodon de Sowerby

Le Mesoplodon de Sowerby (Mesoplodon bidens) est la deuxième espèce rare à avoir été observée en mer d’Iroise cet été. Il s’agit d’une baleine petite taille ne dépassant pas 4,5 mètres en moyenne. même si les nouveau-nés font la moitié de la taille la mère à leur naissance ! Cette espèce, elle aussi très difficile à observer, est peu connue. Le peu de connaissances acquises sur le mesoplodon l’est en grande partie grâce aux échouages. 

Elle ne semble présente qu’en Atlantique Nord, avec une répartition n’allant pas jusqu’aux glaces . Grâce aux quelques observations réalisées, on sait qu'elle plonge à des profondeurs importantes entre 500 et 1500 m.

Les échouages rares, une source d'information

Aucune estimation de population n’a été réalisée pour ces deux espèces qui sont, malgré toutes ces lacunes, les  baleines à bec les plus connues !

En revanche, nous savons que les collisions avec les bateaux, les captures accidentelles dans les filets, mais surtout la pollution acoustique, menacent ces espèces.

L’utilisation de sonars puissants (par toutes les marines du monde) et de canon à air (dans la recherche pétrolière et gazière), perturbent leur système d’écholocation et les désorientent. Les remontées rapides de leurs plongées longues et profondes (dues à des nuisances sonores en profondeur) peuvent aussi engendrer des accidents de décompression. On peut aussi ajouter la pollution plastique, si l’on en juge par les cas d’échouages d’individus ayant ingéré une grande quantité de sacs plastiques, sans doute confondus avec des proies.

Des prélèvements et des relevés biométriques ont aussi été réalisés par les agents du Parc marin dans à l’occasion de ces 2 échouages. Ces données sont transmises au Réseau National d’Échouage (RNE) qui tente de déterminer et de comprendre les causes de mortalité des cétacés.

La baleine à bosse, une espèce qui se plait en Iroise

Après avoir passé la période reproduction en zones tropicales, les baleines à bosse ( Megaptera novaeangliae ) pouvant atteindre 17 mètres, remontent vers les eaux plus froides pour s’alimenter. Les côtes françaises constituent donc une halte migratoire. Les populations sont en augmentation depuis l’arrêt de la chasse dans les années 1980.

Une baleine à bosse a été observée (et filmée) en août 2023 en Baie de Douarnenez. En 2022 déjà, c'est 2 observations qui avaient été enregistrées. Ces observations sont extrêmement rares même si elles semblent devenir plus fréquentes en Bretagne.
 

https://youtu.be/ZogTMdnVDZE

Gardez en tête qu'en évitant le dérangement de ces espèces, elles apprécieront d'autant plus leur passage en Iroise. 

 

Vous pouvez signaler vos observations de cétacés sur OBS en MER.