Le Dauphin de Risso

Le Dauphin de Risso (Grampus griseus) est un mammifère marin appartenant à l’ordre des cétacés à dents, les odontocètes. C’est un représentant de la famille des Delphinidés dans laquelle on retrouve aussi localement, le Grand dauphin (Tursiops truncatus), le Dauphin commun (Delphinus delphis) ou encore le Marsouin commun (Phocoena phocoena) par exemple.

Nageoire caudale de Dauphin de Risso

Nageoire caudale de Dauphin de Risso

Livier Schweyer / Office français de la biodiversité

Nageoire caudale de Dauphin de Risso

Livier Schweyer / Office français de la biodiversité

Le dauphin de Risso R3 aperçu en Baie de Douarnenez le 20 juin 2015

L’individu R3, Baie de Douarnenez, 20 juin 2015

Livier Schweyer / Office français de la biodiversité

L’individu R3, Baie de Douarnenez, 20 juin 2015

Livier Schweyer / Office français de la biodiversité

Le dauphin de Risso R3 observé en 2022

Le dauphin de Risso R3 observé en 2022

Stéphane Dixneuf / Office français de la biodiversité

Le dauphin de Risso R3 observé en 2022

Stéphane Dixneuf / Office français de la biodiversité

Le dauphin de Risso a été décrit pour la première fois en 1811 par un naturaliste pharmacien niçois Antoine Risso. En examinant plus précisément un individu récupéré à Brest en 1812, le naturaliste et taxonomiste Georges Cuvier attribua en hommage ce nom à l'espèce, quand il en compléta la description.

Répartition

C’est un dauphin plutôt océanique, qui fréquente la haute mer à des fonds allant jusqu’à 1000 mètres de profondeur. Il peut faire des incursions dans la zone néritique, sur le plateau continental, ou même encore plus près du littoral le long des côtes.

Le Dauphin de Risso est observé dans les toutes les eaux tempérées du globe, du cercle polaire arctique au nord, jusqu’au-delà du tropique du Capricorne au sud. Il fréquente tous les océans, ainsi que la mer Méditerranée.

C’est une espèce cosmopolite que l’on croise régulièrement en Iroise où plusieurs observations sont effectuées tous les ans.

Plus d'info sur la répartition de l'espèce à l'échelle mondiale ici.

Un groupe d’une petite dizaine d’individus semble d’ailleurs être fidèle à la zone. En effet, les agents du Parc ont récemment réalisé des clichés au sud de l’archipel de Molène d’un individu qu’ils avaient déjà photo-identifié en baie de Douarnenez en …2015 !

Description

Le Dauphin de Risso est un grand dauphin dont les adultes mesurent de 3 à 4,5 m et pèsent jusqu’à une demi tonne. Les juvéniles font presque 1,5 mètre à la naissance.

Il a un profil en massue, avec la partie antérieure massive et la postérieure effilée. Cette impression est accentuée car il ne possède pas de rostre marqué mais simplement un petit bec, et son melon (partie frontale contenant un organe d’écholocation ou sonar) est bien développé.

L’espèce possède deux particularités physiques au niveau du crâne : l’absence de dents sur la mâchoire supérieure (3 à 7 paires de dents sur l’inférieure) et un sillon très marqué entre le front et le bec.

Sur le reste du corps, sa nageoire dorsale falciforme située au milieu du dos est proportionnellement très grande et permet de le distinguer du grand dauphin dont le gabarit est proche. Ses palettes natatoires, ainsi que sa nageoire caudale sont également plus pointues et élancées vers l’arrière.

Dauphin de Risso

Dauphin de Risso

Stéphane Dixneuf / Office français de la biodiversité

Dauphin de Risso

Stéphane Dixneuf / Office français de la biodiversité

Daphins de Risso

Daphins de Risso

Stéphane Dixneuf / Office français de la biodiversité

Daphins de Risso

Stéphane Dixneuf / Office français de la biodiversité

2 ailerons de Dauphins de Risso, aperçus en 2022

2 ailerons de Dauphins de Risso, aperçus en 2022

Stéphane Dixneuf / Office français de la biodiversité

2 ailerons de Dauphins de Risso, aperçus en 2022

Stéphane Dixneuf / Office français de la biodiversité

Le Dauphin de Risso est souvent associé, à tort, au Belouga (beaucoup plus nordique) car sa couleur est trompeuse, particulièrement chez les vieux individus dont le corps peut être très clair. En effet, il nait gris pâle, s’assombrit dans les premières années puis devient blanc avec l’accumulation de cicatrices dues aux interactions sociales intraspécifiques musclées entre les individus. On perçoit alors facilement ses yeux ronds et noirs.

Ces stigmates sont indélébiles du fait de la non régénération de la couche supérieure de la peau. Ce sont des lésions bénignes qui témoignent des relations étroites entre les individus, qu’elles soient conflictuelles ou au contraire purement ludiques. Elles sont en outre d’une aide précieuse pour les travaux de photo-identification.

Dauphin de Risso

Dauphin de Risso

Mickaël Buanic / Office français de la biodiversité

Dauphin de Risso

Mickaël Buanic / Office français de la biodiversité

Plusieurs dauphins de Risso dont des jeunes

Plusieurs dauphins de Risso dont des jeunes

Stéphane Dixneuf / Office français de la biodiversité

Plusieurs dauphins de Risso dont des jeunes

Stéphane Dixneuf / Office français de la biodiversité

Régime alimentaire

Le Dauphin de Risso est teutophage, c’est-à-dire qu’il se nourrit presque uniquement de céphalopodes (seiches, encornets). Il trouve donc en Iroise une ressource qui lui convient. Occasionnellement, il peut aussi consommer de petits poissons. Sa recherche de nourriture est essentiellement nocturne avec des plongées de chasse atteignant une demi-heure de durée !

Reproduction

Comme chez de nombreux cétacés, la maturité sexuelle est tardive, à partir de 10 ans pour les deux sexes et la gestation est longue (13 mois). La démographie de l’espèce est ainsi lente, avec un petit en moyenne tous les 3 ans. Aucune période de reproduction fixe n’a été identifiée.

Comportement

Le dauphin de Risso est un animal calme et assez farouche. Il nage généralement lentement en ne faisant apparaître en surface que la partie antérieure de son corps avec la grande dorsale qui suit. Sans être acrobatique comme les autres delphinidés (il ne saute quasiment jamais), il peut avoir des mouvements singuliers et se présenter sous des postures originales comme le corps vertical avec la tête émergée pendant un quelques instants ou à l’inverse verticalement avec seulement la queue hors de l’eau.
Son souffle, qui est court et discret est assez difficilement observable en surface.

Grampus griseus se rencontre classiquement en petits groupes de quelques individus à la côte. De gros rassemblements peuvent avoir lieu ; plusieurs dizaines, centaines voire milliers d’individus se regroupant au large.

Menaces et dérangement

Comme tous les cétacés, le dauphin de Risso est assujetti aux captures accidentelles par la pêche. Mais les plus grandes menaces sur l’espèce sont la chasse dont il peut encore faire l’objet (au Japon notamment), et la pollution marine. Il est particulièrement victime de l’ingestion de sacs plastiques qu’il confond avec les céphalopodes mais aussi avec lesquels certains individus aiment jouer, au risque de les avaler.

C’est une espèce peu exposée au dérangement par les activités nautiques, en particulier le whale watching (ou offres touristiques d'observation des mammifères marins), du fait de sa relative rareté et de son comportement farouche.

Pour autant, on rappelle que c’est une espèce protégée dans le droit français (Arrêté ministériel du 1 juillet 2011) et inscrite dans de nombreux textes et accords de préservation de la faune marine (CITES, Convention de Berne, ACCOBAMS,…).

En France, et précisément dans les aires marines protégées, l’approche intentionnelle des cétacés est interdite à moins de 100m.

 

Cette règlementation s’applique bien entendu au sein du Parc naturel marin d’Iroise.

Connaissances

A l’instar de nombreux mammifères marins, le Dauphin de Risso est une espèce difficile à étudier. Par exemple, le manque de données ne permet pas à l’UICN de donner son statut sur la liste rouge mondiale (DD – Data default).

Afin d’estimer les populations, des campagnes de comptages aériens sont effectuées dans le cadre de grands programmes comme REMMOA ou SAMM menés par l’Observatoire Pelagis et le CNRS.

Chaque observation de cette espèce est donc très intéressante et concourt à une meilleure connaissance de celle-ci. En transmettant vos observations, vous pouvez ainsi contribuer à améliorer le savoir sur le dauphin de Risso, et par voie de conséquence sa protection. L’application OBSENMER, outils interactif financé par l’OFB, permet de renseigner ses observations en mer ou depuis la côte de manière simple et efficace depuis un PC ou un smartphone directement sur le terrain. Elle permet aussi un travail de suivi des individus de l’espèce à l’aide d’une méthode CMR (Capture Marquage Recapture par photo-identification). Divers organismes dont le Parc marin, mais aussi des particuliers, alimentent ainsi des catalogues  dont le croisement des données apporte des informations sur le déplacement des groupes par exemple.

Carte des échouages de dauphins de Risso 2012-2022 dans le périmètre du PNMI

Carte des échouages de dauphins de Risso 2012-2022 dans le périmètre du PNMI

Pélagis

Carte des échouages de dauphins de Risso 2012-2022 dans le périmètre du PNMI

Pélagis

Un autre moyen d’acquérir de la donnée sur les mammifères marins est l’étude des cas d’échouages sur l’estran. A cet effet, l’Observatoire Pelagis coordonne le Réseau National Echouage qui déploie sur tout le littoral français, métropolitain et outre-mer, des correspondants formés. Les précieuses informations récoltées, variables selon l’état de fraîcheur des cadavres (simple examen externe avec biométrie jusqu’à la nécropsie interne avec prélèvements d’organes) permettent d’alimenter les modèles biodémographiques (génétique), parfois de déterminer les causes de la mort mais aussi d’étudier les impacts des pollutions diffuses par exemple (écotoxcologie). Si vous êtes témoin d’un échouage de mammifère marin, contactez l’Observatoire Pelagis, 24h/24, 7j/7 au 05 46 44 99 10.

Le nombre d’échouage de Dauphin de Risso est assez faible mais régulier. En moyenne c’est 3  à 4 individus retrouvés sur le littoral par an sur la façade Atlantique –Manche Mer du Nord. Plus d'info sur les données d'échouages sur le site du réseau PELAGIS.

En Iroise, les cas sont rares. Au cours de la dernière décennie, on dénombre seulement 3 échouages de l’espèce dans le périmètre du Parc marin. Heureusement, les observations d’animaux vivants dans le milieu sont plus nombreuses, quelques dizaines sur la zone atlantiques lors de la dernière décennie.