Suivi télémétrique de l'océanite-tempête
L’océanite tempête Hydrobates pelagicus est le plus petit et le plus léger des oiseaux marins d’Europe, avec un poids d’environ 26 g pour une envergure maximum de 40 cm. Site stratégique pour l’espèce, l’archipel de Molène accueille les plus importantes colonies de France avec près de 900 couples.
Une espèce très surveillée
Depuis un demi-siècle, Bretagne Vivante étudie l’espèce pour mieux comprendre ses déplacements, sa reproduction, ou encore l’impact des modifications de l’environnement marin ou des pollutions sur sa survie. Plus de 28 000 océanites ont ainsi été bagués dans le cadre de ce programme de recherche, suivi par le Muséum national d’histoire naturelle, et validé par le Conseil scientifique de la Réserve naturelle nationale d’Iroise. Depuis 2016, le Parc naturel marin d’Iroise a associé ses moyens et son équipe à l’étude de l’océanite tempête dans l’archipel de Molène.
Aujourd’hui, ce programme de recherche fait un grand pas grâce à des GPS miniaturisés - pesant 1g - placés sur le plumage des oiseaux. Ce dispositif va permettre de suivre avec précision le déplacement de l’espèce pendant une période cruciale de son cycle de vie, la saison de reproduction.
Le défi des parents Océanites
Pendant la période d’incubation, entre mai et août, les couples d’océanites couvent et partent se nourrir en mer à tour de rôle. Chaque parent quitte le nid pendant 2 ou 3 jours pour se nourrir de plancton. C’est pendant ce laps de temps que leur trajet est suivi par GPS. Les océanites sont capturés pendant qu’ils couvent, puis replacés dans leur nid une fois le petit dispositif rapidement mis en place. Il en est de même pour la récupération du dispositif dans les jours qui suivent, dès leur retour au nid.
Chez les océanites, l’élevage des poussins est intense, les petits restent dépendants de leurs parents pendant 2 mois et leurs poids atteint une fois et demie celui de leurs parents, soit environ 40g. Pour connaître les zones d’alimentation de l’océanite pendant cette période cruciale pour la croissance des petits, des suivis GPS sont aussi programmés en août prochain.
Des perspectives encourageantes
Selon les premiers résultats recueillis, les oiseaux s’éloignent jusqu’à 180 km au large de la pointe finistérienne, bien au-delà des limites du parc marin. Ces déplacements vers l’espace du site Natura 2000 Mers Celtiques - Talus du golfe de Gascogne confirment l’importance de cette zone pour l’alimentation de l’espèce.
Cette étude vient en compléter d’autres, réalisées sur les colonies d’océanite en Écosse, en Irlande et en Espagne. Les résultats pourront aussi être croisés avec d’autres programmes de recherche dans le parc marin sur le plancton, et sur le phénomène des fronts thermiques en Iroise. Ces travaux permettront une meilleure compréhension du milieu dans son ensemble. Ils permettront aussi d’évaluer les conséquences du réchauffement climatique mondial sur la biodiversité en mer d’Iroise.